Nous avons travaillé pour une fédération nationale sur la question de l’implication de ses membres : participation aux activités et aux réflexions , renouvellement des instances de gouvernance, mobilisation de manière générale sur les actions de la fédération. Le contexte est assez habituel, la fédération a plus de 30 ans, ses membres sont des directeurs.trices de structures et les départs des membres extrêmement impliqués depuis la création s’annoncent.
C’est un temps toujours délicat, celui entre deux « époques ».
Notre approche comprend des temps réflexifs et collectifs permettant des échanges de fonds entre les anciens et les nouveaux membres sur le devenir de la fédération, en écho notamment aux réflexions qu’ils peuvent avoir sur l’évolution de leurs structures et métiers.
« Je ne vois pas l’intérêt de ce que vous faites ».
Lors de la première journée d’intervention, après le temps de présentation, une personne prend directement la parole et explique qu’elle ne comprend pas l’intérêt de cet accompagnement. Sur le moment, nous avons chaud, physiquement très chaud. Quand vous essayez de faire travailler des individus en équipe, de créer un collectif et qu’une personne s’oppose directement, frontalement, au cadre c’est difficile à vivre. D’autant plus difficile que l’ensemble des participant.es avait accepté ces règles communes et était prêt à « jouer le jeu ». La situation empire quand les propos défendus sont cohérents et emportent l’auditoire avec lui.
Nous avions pourtant organisé une réunion préalable pour présenter le déroulé de notre accompagnement, réajuster au vu du contexte et valider par le bureau et la direction de la fédération.
Deux solutions dans une telle situation
A très court terme, attendre que la personne ait fini d’exprimer son point de vue (si ce n’est pas trop long) et réexpliquer le besoin exprimé par la fédération et la proposition d’accompagnement. C’est ce que l’on appelle « reposer le cadre ». On explique aussi les responsabilités de chacun.e dont notamment les membres des instances et de la direction qui ont validé une demande précise. Et bien que nous comprenions sa frustration de ne pas traiter son sujet, on aimerait continuer et qu’elle participe. Souvent, cela suffit pour que la journée se déroule bien. Parfois, nous devons être plus vigilantes quitte à proposer à la « trouble-fête » de partir. Nous ne sommes pas responsables des personnes mobilisées par notre client.
A moyen terme, nous avons réfléchi pendant la pause-déjeuner. Nous avons retravaillé sur les techniques d’animation pour prendre en compte la spécificité des profils des participant.es notamment le déséquilibre entre les prises de paroles et de position. Il fallait que les personnes plus mesurées ou discrètes puissent s’exprimer face à des participant.es « imposant.e.s » de par leurs anciennetés et leurs postures dominatrices.
Constater l’inadéquation entre la commande et la réalité de la situation
A la suite de temps collectif, nous avons pris rendez-vous avec notre client et expliqué la situation. Deux propositions leur ont été faites : continuer le programme établi ou utiliser le temps accordé pour travailler une autre problématique plus en adéquation avec les problèmes soulevés par les participant.e.s lors du premier temps collectif. Ensemble, nous avons convenu d’un programme plus adapté car la mobilisation des membres n’était qu’un symptôme d’un problème plus important : la capacité à construire un projet politique commun.
Nous ne sommes pas le premier collectif à vivre une situation délicate dans le cadre d’un accompagnement. Souvent, le réflexe consiste à réfléchir à ce que nous pourrions faire pour réaliser l’objectif final, et si possible sans que personne ne voit les difficultés qu’on a pu traverser. Comme si nous étions fautives de cette situation. Avec L’ESS Inspirantes, la confiance avec nos partenaires est un élément-clé de la réussite de nos interventions. Cette confiance, elle est garantie quand on signe le contrat et acquise d’ici la fin de l’accompagnement. La confiance passe par le respect de nos engagements et le dialogue. Et grâce à ce dialogue, nous remercions la fédération de nous avoir permis d’être créatives pour recentrer notre accompagnement vers une proposition utile et pertinente qui l’a faite avancer.